La pilule du lendemain et les obligations des professionnels

Il y a quelques jours France 4, à travers son émission « L’autre JT » a réalisé une enquête sur la pilule du lendemain. Il s’agissait de voir si les pharmacies jouaient le jeu de la pilule du lendemain, censée être gratuite pour les adolescentes dans le besoin. Et apparemment, certains pharmaciens ne sont pas au courant de leurs obligations…

Une obligation depuis 2002

Rappelons tout de même que les pharmaciens ont l’obligation de délivrer gratuitement la pilule du lendemain aux mineures, et ce depuis 2002. Celles-ci n’ont d’ailleurs pas besoin de se justifier ou de prouver leur minorité, comme l’indique l’article D5134-2 du code de la santé publique. Le pharmacien se doit d’accepter la requête.
Et pourtant, force est de constater que pour certains pharmaciens, le message n’est pas encore passé, 15 ans après l’apparition de cette loi.

Une faute déontologique

En effet, dans ce reportage, sur 15 pharmacies interrogées, 2 ont refusé de la délivrer gratuitement, usant parfois de motifs pour le moins douteux : la facturer pour « éviter les problèmes avec la SECU », affirmer que la pilule du lendemain peut causer « stérilité et embolies pulmonaires », etc.
Il est quand même assez alarmant de voir des professionnels de la santé transmettre des informations fausses, et ridicules qui plus est. Surtout quand l’OMS met un point d’honneur à casser ces fausses idées qui circulent un peu partout et qui font que beaucoup n’osent pas se la procurer en cas de besoin, à cause de bêtises lues ou entendues ici et là. Alors quand cela vient d’un pharmacien, c’est d’autant plus scandaleux.
Comment peut-on se revendiquer professionnel de la santé et affirmer que prendre la pilule du lendemain peut causer stérilité ou embolie pulmonaire ?
Quels messages ces derniers passent-ils ?
Alors que l’accès à la contraception d’urgence reste un sujet tabou, le manque d’informations (réelles) en rapport à cette dernière est cruel.
Alors que penser quand ces demoiselles se font refouler par des pharmaciens qui vont à l’inverse de ce que s’efforce à faire l’état et les organismes de santé ?
L’OMS s’en alerte d’ailleurs dans un bulletin : « Ces déclarations, contraires aux faits avérés, sont malheureusement courantes. Avec une couverture aussi négative et parfois incendiaire, les médias ne font qu’alarmer les femmes et peuvent même les empêcher d’avoir recours à la contraception d’urgence au moment où elles en ont le plus besoin. »

Alors oui, la grande majorité des pharmacies la dispensent sans problème. Toujours est-il que certaines ne sont toujours pas au diapason, de quoi remettre en question le droit à la contraception.

Moralité, religion et pharmacie

Et que dire quand certains, comme ce cher Bruno Pichon, font passer leurs valeurs, qu’elles soient morales ou religieuses, avant leur professionnalisme et leur devoir ?

Cet homme, se donnait le droit de ne commercialiser aucune forme de contraception, quelle qu’elle soit. Il y de quoi s’arracher les cheveux.
Il a cependant été sanctionné en mars, via une interdiction provisoire d’exercer, et ce par l’Ordre des pharmaciens.
Rappelons qu’il avait été condamné à plusieurs reprises, la première datant d’il y a quasiment 20 ans.
Apparemment, la progression des mœurs, ce n’est pas pour tout le monde.

Quoi qu’il en soit, l’accès à la contraception est un des symboles de l’émancipation de la femme. Et bafouer ce droit, c’est aller à l’encontre de l’évolution de la situation de la femme dans notre pays. Et que ce soit par souci d’économie ou d’idéologie, il n’y a pas de raison valable de refuser ce droit. Il faut s’y plier, un point c’est tout. Les pharmaciens n’ont pas pour vocation de décider si les femmes ou les adolescentes ont le droit d’accéder à un moyen de contraception. A bon entendeur…